En raison de la pandémie de la Covid-19, et pour la première fois en 25 ans, la Commission nationale sahraouie a été forcée cette année de suspendre le programme « Vacances en paix».

C’est grâce à ce projet de solidarité que des milliers d’enfants sahraouis âgés de 8 à 12 ans, des camps de réfugiés de Tindouf (Algérie), sont accueillis par des familles espagnoles pendant 2 mois, en été.

Avec cette suspension, les garçons et les filles sahraouis ne pourront malheureusement pas se rendre en Espagne cet été dans le cadre du programme «Vacances en paix», destiné depuis 1976 à couvrir et à satisfaire les principaux besoins des enfants, compte tenu des conditions extrêmes dans lesquelles vit la population sahraouie dans les camps de réfugiés. Afin d’atténuer cette situation, le Front Polisario et toute la communauté de solidarité avec le peuple sahraoui, se sont mobilisés pour réaliser ce programme sur place.

FiSahara ne voulait pas rater l’initiative et pour cela, elle a uni ses forces avec le ministère de la Jeunesse et des Sports de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), la délégation du Front Polisario en Espagne et de nombreux autres ministères impliqués dans l’organisation des Vacances en Paix. De cette façon, le festival du film a préparé un cycle pour enfants avec lequel les garçons et les filles feront voler leur imagination dans les forêts animées, dans les profondeurs de l’océan ou aux Jeux olympiques au zoo.

Avec le soutien de la fondation Mundubat et la collaboration de Miyu Distribution, les plus petits pourront visionner jusqu’à 24 courts métrages d’animation réalisés par des étudiants de cinéma en France, Croatie, Danemark, Canada et Belgique.

Cette programmation de films pour enfants de FiSahara ne serait pas possible sans la collaboration du ministère de la Culture à travers l’Ecole de formation audiovisuelle d’Abidin Kaïd Saleh (EFA).

La seule école de ce type qui existe au Sahara occidental, fondée en 2011 dans le cadre du festival du FiSahara. C’est l’équipe d’enseignants et d’élèves de l’école qui sont chargés de parcourir pendant les mois de juillet et août les différents camps de réfugiés pour réaliser les projections.

FiSahara a toujours été un festival axé sur les enfants, avec des projections, des ateliers, des groupes de musique et des spectacles de cirque, explique María Carrión, directrice générale de FiSahara. «Ces temps extraordinaires nous obligent à repenser et à réinventer les projets, et ce, Mini FiSahara est né pendant les vacances en paix, avec le désir de continuer à le faire à l’avenir, avec ou sans pandémie.»
«Nous avons eu un très bon accueil dans des camps comme celui de Dakhla, avec un silence absolu et quelques visages des plus petits illuminés de sourires dès les premières secondes.

Les voir me remplit de fierté et de satisfaction et me fait oublier tout ce que j’ai souffert.» Assure de son côté, Brahim Chagaf, professeur à l’Ecole de cinéma et chef d’une des équipes de projectionnistes. «Bien qu’il soit né dans un endroit avec une pénurie d’eau, de nourriture et de médicaments, Chagaf est convaincu qu’il est également nécessaire de nourrir le cerveau et l’esprit, de guérir l’âme avec de la littérature, des films, du théâtre, de la musique et de la poésie», ajoute-t-il.

FiSahara est le seul festival qui se déroule dans un camp de réfugiés. Cet événement apporte le cinéma et la culture les plus actuels à de nombreux jeunes qui sont nés dans le désert et qui n’ont jamais vu de cinéma sur grand écran. FiSahara n’a pas de tapis rouge comme aux Oscars d’Hollywood, mais il y a du sable, du désert et un million d’étoiles dans le ciel.

Vacances en paix est le deuxième plus important programme de solidarité espagnol avec le peuple sahraoui, après celui du programme de la caravane alimentaire. Les associations espagnoles amies du peuple sahraoui se démènent comme elles peuvent durant toute l’année pour récolter les fonds nécessaires afin de concrétiser le programme de Vacances en Paix.

L´année passée, pas moins de 4286 enfants ont passé deux mois de vacances en Espagne, profitant d’un environnement et des conditions de vie plus sains, leur offrant la possibilité d’améliorer considérablement leur santé, par le biais de l’alimentation et de soins médicaux.

Espagne
De notre correspondant Ali Aït Mouhoub

(Published at El Watan)